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Le commandant Piché: un homme ordinaire à la vie extraordinaire

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Si les pilotes jouent un rôle important dans l’industrie de l’aviation, la plupart d’entre eux restent des personnages assez effacés aux yeux du public. Bien sûr, on entend leur voix à bord, on les voit circuler dans l’aéroport et on imagine leur vie aux quatre coins du monde, mais peut-on dire qu’on les connaît? Pas vraiment.

L’exception qui confirme la règle, c’est le commandant Robert Piché. Son atterrissage aux Açores en août 2001, après avoir plané pendant 120 kilomètres en raison d’une panne de carburant en plein océan Atlantique, l’a propulsé au rang de héros national, de célébrité instantanée.

Le 1er octobre 2017, celui qui martèle sans cesse être un homme ordinaire à qui il est arrivé quelque chose d’extraordinaire, a effectué son dernier vol transatlantique comme commandant de bord d’Air Transat. À 65 ans, après 45 ans de carrière, dont vingt avec Air Transat, il était temps pour lui d’accrocher sa casquette et de laisser la place aux plus jeunes.

Nous lui avons parlé pour obtenir ses impressions sur sa carrière, sur le voyage et sur l’aviation. Dans cette première partie, nous aborderons son amour inconditionnel du voyage.

Le commandant Piché dans le cockpit, juste avant son dernier vol transatlantique
Crédits photo: Air Transat

Allier son rêve à sa passion

Le rêve d’enfance de Robert Piché était d’abord de faire le tour du monde. « Avant de suivre mon cours de pilotage, je m’étais inscrit au cégep en droit, dans le but de faire du droit international et de voyager. Cela démontre à quel point le voyage était important pour moi. L’aviation est ensuite devenue ma passion. Cette carrière m’a donc permis d’allier mon rêve à ma passion. »

Ce qu’il aime le plus de sa profession? Voyager, bien sûr! « On a beaucoup de liberté. En autant qu’on se présente à l’heure pour le transfert vers l’aéroport, on est libres de faire ce qu’on veut. Et l’avantage, si on se compare à une famille qui voyage une fois par année, c’est qu’on est moins pressés par le temps. Si je n’ai pas l’occasion de découvrir un quartier cette fois-ci, je le fais la prochaine fois. »

Parlons voyage

Robert Piché a presque fait le tour du monde et il a eu la chance de pouvoir visiter certaines destinations des dizaines de fois. Lesquelles sont ses préférées? « La France! J’apprécie qu’on y parle français. Je ne me lasse pas d’aller à Paris, à Nice, à Marseille, ou dans n’importe quelle ville de France. Paris, c’est spécial. Même si ça fait 250 fois que j’y vais, je suis toujours heureux d’y retourner. J’aimais beaucoup quand notre hôtel d’escale était dans le quartier Saint-Michel.

Mon autre destination préférée est l’Inde : j’y suis déjà allé cinq fois et je prévois y retourner. C’est un très grand pays à découvrir, impossible de n’y aller une seule fois! J’aime le chaos organisé qui règne à Delhi. »

Comme nouveau retraité, il partira deux mois au nord du Vietnam, au Laos et au Cambodge avec sa femme. Plus particulier encore, l’été prochain, il compte voyager trois mois à bord d’un bateau cargo entre Delhi et New York. « J’ai besoin de savoir ce que c’est, de vivre trois mois tranquille, seul, sans me faire reconnaître, sans me faire juger! », dit-il en riant.

Le commandant Piché et l'équipage opérant son dernier vol transatlantique
Crédits photo: Air Transat

Escales bonheur

Et où préfère-t-il faire escale? « Quand je voyage pour le travail, j’aime Dublin, pour l’ambiance, la musique, l’esprit festif. C’est reconnu mondialement! Mais pour se reposer et passer du bon temps, il y a aussi Athènes. C’est une ville abordable, il y a beaucoup de choses à faire, et on peut se rendre facilement dans les îles grecques. Et en plein hiver, difficile de faire mieux qu’une escale de deux jours au soleil à Punta Cana, c’est certain! »

Et même après toutes ces années, ce grand passionné de découvertes profite autant de ses escales pour explorer les destinations qu’avant. « C’est pour ça que je fais ce métier-là! », s’esclaffe-t-il.

Le commandant Robert Piché, pilote de ligne pendant vingt ans chez Air Transat, a cumulé 45 années d’expérience aux commandes d’avions avant de prendre sa retraite en octobre 2017.

Passion pour l’aviation

M. Piché a d’abord cru inaccessible son rêve de devenir pilote de ligne au Canada. « Quand j’étais jeune, il n’y avait pas de débouchés. Il n’y avait qu’une seule compagnie aérienne implantée au Canada, et les postes étaient surtout réservés aux anglophones, à l’époque. »

Deux événements en particulier lui ont fait prendre conscience qu’il avait enfin réalisé son rêve. « Je me souviendrai toujours du premier sous-contrat (wet lease) que j’ai fait pour Transat, à Johannesburg. Je n’arrivais pas à croire que je me trouvais en Afrique du Sud ». Lui qui a longtemps entretenu une fascination pour les pilotes de Singapour Airlines, symbole d’un rêve qui lui semblait inaccessible, se souvient aussi d’un autre atterrissage marquant : « J’ai atterri à Amsterdam juste derrière un Boeing 747 de Singapour Airlines. Il arrivait de Singapour, moi de Vancouver. Bien qu’on provenait de villes et de cultures différentes, on avait probablement parcouru la même distance et avait atterri au même aéroport. C’est à ce moment que j’ai réalisé que j’étais rendu dans la cour des grands. »

Le commandant Piché et l'équipage opérant son dernier vol transatlantiqueCrédit photo: Air Transat

Décollages et atterrissages en rafale

Le commandant, qui a une réputation d’ « opérateur » aimant manœuvrer les appareils qu’il pilote, n’hésite pas longtemps lorsqu’on lui demande quels aéroports offrent les plus beaux défis. Il donne l’exemple du Costa Rica, où la présence des montagnes ajoute du piquant en cas d’orage électrique.

Le commandant Piché mentionne bien sûr la piste mondialement reconnue de Saint-Martin, flanquée entre plage et montagnes. « Sur cette piste, il est important de toucher le sol dès le début de la piste, parce qu’elle est très courte, et de tourner rapidement à droite si on n’arrive pas à se poser assez tôt. »

« C’est le genre d’atterrissage que j’aime. Je suis même déjà rentré de nuit à Saint-Martin dans le temps avec un A330! », a-t-il ajouté, pas peu fier.

Et le plus bel atterrissage? « Nice, sans aucun doute! Sur l’une des pistes, on arrive à 90 degrés avec le centre-ville, puis on fait un virage de dernière minute. La ville et l’aéroport sont au niveau de l’eau, et avec la montagne haute de 8000 pieds (2500 mètres) juste derrière, c’est vraiment impressionnant. »

Et au décollage? « Le décollage est saisissant de n’importe quelle ville la nuit. Surtout de Paris, parce que l’aéroport est pratiquement dans le centre, ou de Londres, parce qu’avoir Londres à ses pieds, c’est quand même spécial. »

Devenir pilote : un choix de carrière intéressant?

Bien qu’il soit passionné d’aviation, le commandant Piché est d’avis que le métier de pilote, et plus précisément celui de commandant, n’est pas fait pour tout le monde. « Premièrement, il faut briser les stéréotypes. Certains jeunes pensent qu’ils vont voler partout dans le monde, dormir dans les plus beaux hôtels et revenir à la maison pour souper. C’est vrai en partie, mais c’est beaucoup plus que ça : ce travail est différent de l’image qu’il projette. »

« Il faut vraiment avoir la passion de l’aviation, car les études coûtent cher, et faire preuve de persévérance. En début de carrière, les conditions de travail sont loin d’être alléchantes. Il faut s’attendre à ça pour au moins 10-15 ans, ou 3-4 ans lorsque la demande pour les pilote est élevée comme en ce moment. Ceci dit, il faut vraiment avoir la passion pour persévérer et espérer obtenir de beaux postes dans de grandes compagnies comme Air Transat. Une fois rendus là, par contre, les conditions de travail sont super intéressantes. Il faut juste savoir à quoi s’attendre et être prêt à passer à travers une période difficile avant de goûter aux beaux côtés du métier. »

En plus d’être passionné d’aviation, un pilote doit également posséder deux qualités qui se développent, mais qui ne s’enseignent pas : le leadership et le gros bon sens. Et est-ce vrai que les pilotes ont de gros egos? « Bien oui! Il faut avoir un gros ego pour parvenir à devenir commandant dans une grande compagnie aérienne. Mais il faut aussi savoir le laisser en dehors de la cabine de pilotage, parce qu’un ego ne prend pas de bonnes décisions ».

En plus des possibilités de voyager fréquemment, il apprécie aussi le fait d’être le patron. « À bord de l’avion, c’est le commandant qui décide. On travaille en équipe, c’est sûr, mais c’est moi qui ai le dernier mot, et tant que je fais mon travail comme il faut et que tout se passe bien, je n’ai pas vraiment affaire à mon patron. J’aime cette autonomie. »

Le commandant Piché à l'aube de son dernier vol transatlantique
Crédit photo: Air Transat

La célébrité, un poids lourd à porter

Depuis 2001, la popularité du commandant Piché ne s’est jamais démentie. « Les gens ne réalisent pas que je dois composer avec ça. Je suis capable de gérer cette pression, mais je ne l’ai pas choisie. Je ne suis pas devenu pilote pour me faire reconnaître sur la rue comme un acteur. Je reçois des tonnes d’appels et de messages Facebook de personnes que je ne connais pas qui me souhaitent une bonne retraite. Ça n’arrête pas! À l’aéroport, si une personne vient me voir pour me demander une photo, cinquante personnes vont faire la queue pour un avoir une aussi. Ça me touche, bien sûr. Mais ça me met une pression supplémentaire énorme! ».

« Je ne suis ni le porte-parole, ni l’image d’Air Transat, mais les gens m’identifient à Air Transat. J’ai toujours ça derrière la tête, et ça aussi, ça ajoute de la pression. C’est comme si j’avais été mis sur un piédestal : je suis devenu LE commandant. Je n’ai plus droit à l’erreur. Pourtant, je ne suis pas un surhomme. Je suis un gars ordinaire à qui il est arrivé quelque chose d’extraordinaire. »

Heureux d’avoir travaillé pour Air Transat

Robert Piché apprécie le fait qu’Air Transat soit une compagnie basée à Montréal, une ville où on parle français. « J’ai la chance de pratiquer mon métier à l’international, de me promener partout sur la planète à bord des avions les plus sophistiqués, en plus d’être basé à Montréal et de pouvoir parler ma langue maternelle au travail. Cela vaut tout l’argent que j’aurais pu obtenir en Chine ou à Dubaï! » Il apprécie aussi l’ouverture à la discussion qui est propre à Air Transat et qu’on ne retrouve pas dans toutes les compagnies aériennes.

« Je ne remercierai jamais assez Air Transat de m’avoir donné l’occasion de travailler pour elle et de devenir le pilote que je suis aujourd’hui. Parce que je n’étais pas parti pour ça – j’avais moi-même brisé mon rêve d’enfance. Air Transat m’a permis de réaliser mon rêve. Sans Air Transat, je ne crois pas que je serais dans le même état d’esprit aujourd’hui. Ça m’a permis de finir ma carrière en beauté. »

« Je vais m’ennuyer de ma vie de pilote, c’est sûr, surtout de la vie que je faisais quand je partais en sous-contrat (wet lease), ça me donnait un défi en plus. Mais à 65 ans, il est temps que je passe le flambeau, et je suis prêt à ça. »

Bonne retraite bien méritée, commandant Piché!

Les propos et contributions sur le présent blogue n’engagent que leurs auteurs. Les recommandations, les intentions ou les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles de Transat A.T. Inc. ou de ses compagnies affiliées. Voir les Conditions d’utilisation du site Web d’Air Transat.

Les propos et contributions sur le présent blogue n’engagent que leurs auteurs. Les recommandations, les intentions ou les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles de Transat A.T. Inc. ou de ses compagnies affiliées. Voir les Conditions d’utilisation du site Web d’Air Transat.

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